Une petite histoire du temps…

Le soleil est la grande horloge du monde.

Voltaire

De tout temps, les Hommes ont réglé leurs activités quotidiennes sur le déplacement apparent du Soleil, de son lever à son coucher, avec un signal majeur : le passage à midi (ou au méridien). Les Anglais utilisent d’ailleurs toujours l’expression « Ante Meridiem » (AM, avant midi) et « Post Meridiem (PM, après-midi).

Chacun voit midi à sa porte

Avant 1826, il n’y avait pas d’heure légale en France et encore moins de temps universel. Les cadrans solaires sont alors présents sur toutes les façades, à la ville comme à la campagne. Dès 1582, le métier de cadranier est réglementé par une ordonnance de Henri III. La corporation se développe, elle devient puissante et savante. Elle s’installe dans un passage proche de Saint-Germain-des-Prés à Paris, passage qui deviendra tout naturellement la rue du Cherche-Midi.

En province toutes les grandes villes ont leurs fabricants de cadrans. De nombreux documents d’archives témoignent de contrats passés entre les villes, les communautés religieuses ou laïques, les particuliers et les constructeurs de cadrans solaires.

Curieusement, l’essor de l’industrie horlogère aux XVIIème et XVIIIème siècles ne nuit pas à cet artisanat d’art et de sciences. Bien au contraire, c’est à cette époque qu’il connaît son plus grand essor.

Tout le monde est conscient des avantages du cadran solaire :

  • Il n’exige aucun entretien
  • Il n’a pas besoin d’être remonté
  • Il ne consomme pas d’énergie
  • Il ne connaît pas l’usure
  • Il n’est pas limité en taille

En résumé, il garde le temps sans effort, sans dépense, sans intervention.

A l’inverse des grands mécanismes d’horlogerie, il peut être exposé au froid et au chaud, à la pluie, au vent ou à la neige.

Mais il ne se dérègle jamais. Et c’est même lui qui sert à la remise à l’heure des montres les plus achevées, des horloges les mieux entretenues. Un cadran se prête plus que tout autre objet scientifique à une grande variété de formes et de décorations. C’est un objet pratique et poétique, toujours bien orienté.

Avant même de rentrer dans une maison, il reflète les goûts esthétiques et les sentiments profonds du propriétaire. Il possède toujours une devise, souvent rédigée en latin, en français ou en langue régionale, et parfois en grec.

Au XIXème siècle, l’unification horaire, le désir du conformisme, le goût de précision, la valorisation excessive du travail minuté, chronométré, vont entrainer le déclin de ces merveilleux objets.

Aujourd’hui le cadran solaire connaît un renouveau. On le retrouve sur les édifices ou sur les places des villes et villages. Il est redevenu l’ornement indispensable de la maison, dont il fait chanter la façade. C’est un instrument utile et décoratif, évoquant la chaleur, la douceur de vivre au Soleil.

Il reste l’élément vivant, l’animation paisible des maisons de vacances, en l’absence de ceux qui sont retenus loin d’elles. Fidèle ami, on le quitte et le retrouve toujours là, toujours à l’heure.

Le cadran solaire participe à cette redécouverte des bienfaits de notre étoile, source de chaleur et de lumière, de santé et d’énergie. Il permet à l’Homme un retour aux sources, un enracinement, une nouvelle approche du temps de manière plus naturelle et plus simple, et de ce fait, plus humaine.